Lorsque j’avais une quinzaine d’années, j’allais chez une copine dont le père était maçon. Il avait construit, à l’arrière de leur maison, une véranda, non pas comme on en fait maintenant, mais dont le soubassement était en moellons ; et des fenêtres ordinaires, avec un toit transparent en plastique. Et une porte tout à fait normale. Mais une pièce supplémentaire de leur maison, qui servait en même temps d’annexe à leur cuisine.
Un jour, mon père me dit : je vais mettre une véranda derrière chez nous, pour, disait-il qu’il fasse moins froid en hiver et protéger la tuyauterie. (Il n’y avait pas de chauffage et il arrivait quelquefois que l’eau gèle, cela étant d’autant plus ennuyeux qu’il s’agissait de la toilette et de la buanderie) J’étais très contente, parce que je me disais qu’il y allait avoir aussi chez nous une pièce dans laquelle je m’imaginais déjà me réfugier dans les beaux jours de l’été. Papa avait fait dessiné un plan sur une feuille de papier, avec les mesures.
Lorsque qu’il se mit a la construction de celle-ci, je déchantais aussitôt : les « murs » de cet annexes étaient simplement de fin panneaux d’éternit fixé après des montants en bois, les fenêtres, elle étais faite en feuilles de plexiglas, fixées par-dessus cela et chevauchant le dessus des « murs », pour la toiture, eh bien, même si elle était de la même nature que la véranda de mon amie, il l’avait fixé, tantôt avec des clous, tantôt avec des vis sur des chevons, également, et, au lieu de mettre des angles pour insérer les contre-lattes, il avait fait tout un truc pour les maintenir aux chevrons ; et les portes, ah, les portes ! au lieu d’être des simples portes, que l’on manœuvre avec une poignée et des charnières, non, c’était des panneaux faits avec des grandes feuilles de plastiques fixées sur une armature en bois, et qui était maintenues en place à l’aide de crochets et d’élastiques qu’il avait prélevés sur les sièges de voitures deux chevaux trouvé à la casse. Lorsque je lui avait fait remarqué que chez mon amie, leur véranda était en « dur », il m’avait répondu que pour cela, il fallait une autorisation de l’urbanisme, tandis qu’autrement, avec des éléments démontables, il n’en avait pas besoin (je pense qu’il se basait les des préceptes qui étaient en usage vingt ans avant, et je me doutes qu’ils étaient encore d’actualité à l’époque : ça change tout le temps. Bref, j’étais affreusement déçue, et cette construction, dont mon père était si fier était été juste bonne pour abriter les bestiaux de la pluie… et encore !
Parce qu’en fait, bien que ma mère disait que l’on sentait la différence en hiver, qu’elle arrêtait quand même le vent du nord, je n’étais pas convaincue : il y faisait aussi froid qu’à l’extérieur, et cela n’avait quand même pas empêcher l’eau de geler à la toilette lors d’un ou deux hivers particulièrement rigoureux.
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