En été, les poules pondent bien. Il y a deux ans, maman avait quatre « vieilles » poules, et elle avait décidé d’acheter deux poulettes, pensant que les autres arrivaient en fin de ponte et qu’on devrait tout doucement penser à les faire passer à la casserole.
Il fallait croire que l’arrivée de ces jeunettes dopèrent les anciennes : maman se mis a ramasser quatre à six œufs par jour. Ce qui fait qu’elle fut « envahie » par les œufs. Bien sûr, elle en donnait de temps en temps une demi-douzaine à chacune de mes sœurs, et j’en prenais aussi de temps en temps pour moi, mais elle avait encore des œufs en surnombre. Sa voisine d’en face lui en achetait bien de temps en temps, mais elle aussi à une sœur qui possède des poules pondeuses. Il y avait bien encore la solution de faire des crêpes de temps en temps, ou même de la tarte, mais maman n’est pas une fanatique pour cuisiner des pâtisseries.
Aussi, elle me demanda si je ne voulais pas demander à mes voisins si cela ne les intéressait pas d’acheter des œufs.
Je demandais donc à mes plus anciens voisins, et la dame était d’accord, d’autant plus que le prix était intéressant : il était à peut près le même que les œufs de poule élevée en batterie, mais avec la qualité d’œuf bio. Elle savait que ma mère élevait des poules en plein air. Elle me disait, justement, que c’était bien, parce qu’elle, au contraire faisait de la pâtisserie, et que c’était des bons œufs.
Comme il ne lui en fallait qu’une demi-douzaine par semaine, et que je n’en ramenais que toutes les deux semaines : en effet, une semaine sur deux, je reviens en bus, et donc je n’en prends pas de peur de les casser : cela m’était arrivé une fois, lorsque j’habitais encore à l’appartement et tout était mâchuré de blanc et de jaune d’œuf ; aussi depuis, je n’en prend que lorsque je suis en voiture.
J’avais donc fait un compromis avec elle : je lui en ramenais tous les quinze jours, mais une douzaine complète. Quand je reviens avec la voiture de ma sœur, il est déjà tard, et pour ne pas déranger ces gens dans la soirée, je mets les œufs au frigo et je les leur porte dans le courant de la journée. Lundi, donc, bien que je ne voyais aucun de leur deux véhicules, ni garés dans leur allée, ni dans la rue, et que malgré tout j’entendais « remuer » dans la maison d’à côté – les joies de la mitoyenneté – je me décidais d’aller voir. Ce fut le fils qui vint m’ouvrir. Ah ! Les œufs ! Me dit-il. Deux euro, c’est ça ? Puis il se mit à fouiller dans divers pots et sacoches. Mais il ne trouva qu’un euro. Il me dit que sa mère était partie avec son portefeuille et que lui n’avait que cela. Eh bien, lui dis-je. Garde ton euro, elle n’aura qu’à venir me payer lorsqu’elle me rendra la boîte. Ok, et je rentrais chez moi.
Peut-être une demi-heure plus tard, elle vint à ma porte pour me payer et me rendre la boîte. Elle rigolait, et je lui dis que ce genre de chose, ça arrivait.
Cela un épisode, toujours à propos des œufs, qui m’avait bien fait rire aussi, il y a quelques années. Cela avait du se passer quelques temps après qu’Isabelle s’était acheté sa voiture bleue. À cette époque, maman avait aussi beaucoup d’œufs et elle avait demandé si Isabelle n’en voulait pas de temps en temps ; et celle-ci avait même demandé à sa grand-mère si cela l’intéressait.
La grand-mère d’Isabelle était d’accord, et, tant qu’elle vivait, elle prenait aussi de façon régulière des œufs. À un certain moment, je du faire passer le message : c’est bientôt l’hiver, et les poules ne pondent presque plus. (Ce qui prouve bien qu’on ne « pousse » pas nos poules à la ponte). Elle devait donc le dire à sa grand-mère.
Je pensais que le message était bien passé, quand je vis un jour arriver Isabelle avec une boîte en plastique, destinée elle aussi à transporter les œufs. Elle rigolait en me disant : ma grand-mère te supplie, même si il n’y en a qu’un, d’avoir encore des œufs de chez toi. La façon dont elle le disait m’avait bien fait rigoler, mais, malheureusement, les poules ne pondaient plus du tout et je n’en avais même plus pour moi. Ce qui fait que je n’ai pu plus lui vendre, même pas un seul de mes « bons œufs ». Et d’ailleurs, quelques temps plus tard, la grand-mère d’Isabelle tomba malade à son tour et mourut.
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