Depuis que papa est mort, son frère passe, accompagné de sa femme, à la maison, le jour de la Toussaint. Autrefois, jamais on ne le voyait à Hachy. Pour cette occasion, mais pas évidement rien que pour eux, maman fait des tartes, car, après le cimetière, la famille se réunit à la maison. Nous étions donc tous assis autour de la table ronde en train de « boire le café », en mangeant de la tarte. Je regardais les gens de ma famille, tous avec un morceau de tarte à la main, et je me disais : eh bien, pour une fois, je ne serais pas la seule à tenir ma tarte de la main gauche ! En effet, papa prétendait que son frère n’avait jamais pu faucher, parce qu’il était gaucher et qu’il n’arrivait pas à se servir de la faux. Cose que je trouvais étonnante, parce que, depuis que papa est mort, il a bien fallu que quelqu’un sache faucher, et je m’y suis mise. Autrefois, je n’y arrivais pas non plus, mais c’était simplement parce que la poignée inférieure de la faux n’était réglé à ma hauteur.
Je regardais mon oncle, assis presqu’en face de moi, et je m’aperçu avec stupéfaction qu’il tenait bien sa tarte dans la main droite, et que, pour prendre un objet, - c’est ce qu’avait remarqué Marie-Claire, qui était assise pas loin de lui) il se servait naturellement de la main droite. Instantanément, je me dis : celui là n’est pas gaucher comme il le prétend ! Bien sûr, lorsqu’il était enfant, toutes les personnes de sa génération était obligées d'écrire de la main droite, mais je pense que lorsque l’on est gaucher, ce n’est pas parce qu’on oblige à utiliser la main droite pour écrire qu’on devient par la suite droitier ! Je me suis demandé aussi si cet oncle, qui avait quand même la réputation d’être tire-au-flanc, n’avait pas inventé cela pour éviter des tâches qui prenaient allures de corvées, et, comme, lorsque je me rendais chez eux, je ne l’avais jamais vu faire quoi que ce soit, je ne peux évidement affirmer s’il est bien gaucher, comme on le prétend – ou droitier.
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